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Nicaragua: Interview de l’ancien surfeur pro Franck Gomis

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Franck Gomis est un ancien surfeur pro français des années 80. Il a été en fait, le premier surfeur européen à faire une tentative sérieuse sur le circuit professionnel de surf et ce durant 6 ans (1979 à 1984). Franck a fait partie des 100 meilleurs surfeurs mondiaux.

Ses meilleurs résultats : 3ème au Lacanau Pro, 3ème au Gull Pro Newquay ainsi que Cornish Open Champion.

  • Quel est ton meilleur souvenir sur le tour ?

Il y en a énormément mais je retiendrais probablement mes 3 tours passés au stubbies qui se déroulait à Burleigh heads sur la Gold coast en Australie. J’avais donc passé 3 tours dans des conditions de surf parfaites et c’est dans une de ces vagues que j’avais aussi récolté la photo du poster central dans le très prestigieux magasine Surfer Magazine, un très beau tube au cove de Burleigh, photo prise dans l’eau par le non moins fameux photographe de l’époque Jeff Hornbaker (surfer mag édition d’octobre 1982).

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  • Y a-t-il une anecdote qui t’a marqué lorsque tu étais sur le circuit pro ?

Des anecdotes, là aussi il y en a eu beaucoup mais une m’a assurément marquée c’est à Bells beach pendant le Rip curl pro Bells Beach. Le jour de la finale, après la remise des prix au vainqueur Mark Richard, champion du monde cette année là, nous avons fêté sa victoire et j’étais entouré par les amis de Maurice Cole, surfer pro et local de Torquay et après une longue journée, je me suis endormi dans sa voiture. Au réveil je n’étais plus dans la voiture mais dans une caravane au beau milieu du bush / de la campagne. Je ne savais pas où j’étais et je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait. Une fois sorti de cette caravane j’ai commencé à marcher sans trop savoir où j’étais et où j’allais. C’était une bonne grosse blague de l’époque que mes amis australiens aimaient faire à leurs amis surfeurs étrangers. Cela m’a pris 2 heures pour retrouver mon chemin et rentrer dans le bungalow que nous avions loué avec d’autres surfeurs pour l’occasion. Maurice m’attendait avec ses amis une bière à la main et ils se sont tous mis à éclater de rire. J’ai donc pris une bière pour finir ma soirée avec eux et suis resté bien entendu ami avec Maurice qui aujourd’hui s’occupe de coacher quelques uns des meilleurs surfeurs pro du circuit WSL.

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  • Quel regard portes-tu sur l’évolution du surf depuis que tu t’es retiré de la compétition ?

Je suis toujours très intéressé par ce qui se passe dans ce milieu. Le surf a énormément évolué, les surfeurs bien sûr mais également l’industrie développée autour, tout cela génère de très gros bénéfices. Les surfeurs d’aujourd’hui ont toujours cette même passion mais ils vivent de manière très différente de nous à l’époque. Les moyens qu’on leur donne sont sans comparaison, personne n’avait de coach, pas de visionnage vidéo, pas de trip aux Mentawai ou à Tavarua, pas ou presque pas de session de fitness et d’entraînement stretching et autres. Très peu d’entre nous avions de sponsors prêts à payer un salaire, tout au plus nous avions notre matos : planches et combi voire short de surf et quelques billets d’avions pour faire les compétitions. C’était une autre époque mais une très belle époque. Nous formions une petite famille d’environ 150 à 200 surfeurs qui se retrouvaient sur ce circuit ASP (association of Surfer Professional) on était très proche les uns des autres et j’ai gardé de très bons amis grâce à cette expérience.

  • Quand et pourquoi as-tu décidé de t’installer au Nicaragua ?

J’ai été pendant plus de 25 ans responsable commercial et notamment directeur commercial sur l’Europe  pour les 2 leaders mondiaux de l’industrie du surf à savoir Quiksilver et Billabong. J’ai comme beaucoup d’autres été licencié en 2009 à l’époque ou la crise financière faisait rage (Subprime etc… ) et j’ai donc galéré quelques années, avant de me rendre compte que j’étais déjà trop vieux pour me relancer professionnellement à nouveau en Europe. Le surf ne m’ayant jamais quitté, je me suis donc décidé à élaborer un plan pour continuer à surfer et vivre de ma passion. Le Nicaragua est un pays qui pouvait m’offrir ce que je cherchais, un pays neuf magnifique avec des vents offshore tout au long de l’année et des vagues de classe mondiale. Plusieurs amis étaient déjà venus ici et m’en avait parlé comme d’une destination surf et voyage fantastique.

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J’ai donc vendu tout ce que j’avais et suis parti un peu à l’aventure. J’ai de suite été séduit par ce pays, sa population et bien évidemment par ses vagues sur la côte Sud du Pacifique. J’ai très vite trouvé un terrain sur une colline qui domine la bay de las Sardinas là où se trouve le fameux spot de Outside reef Popoyo . J’y ai fait construire une maison avec un studio que j’habite et au-dessus je reçois mes hôtes pour la plus part des surfeurs du monde entier, dans deux appartements avec vue sur mer et au beau milieu d’un magnifique terrain d’un hectare. Je suis vraiment heureux de  pouvoir concilier ma passion avec ma petite affaire maison d’hôtes et de partager avec mes hôtes mon expérience de surfer et du Nicaragua où je réside maintenant depuis bientôt 2 ans

  • Une journée type au Nicaragua, c’est comment ?

On se lève tôt 5h30 / 6h petit déjeuner et j’emmène généralement mes clients surfer. Selon les conditions de houle et de marée je sais très exactement quel sera le spot qui marchera le mieux. Notre journée est généralement organisée en fonction des vagues donc on se ballade toute la journée de spots en spots afin de pouvoir bénéficier des meilleures conditions de surf. Le vent étant offshore toute la journée, il est possible de se faire jusqu’à 6/8 heures de surf par jour. Les meilleures conditions commencent à la période du mois de mai jusqu’en novembre. Nous avons énormément de swell du Sud ce qui rend cette côte du Nicaragua  particulièrement attractive pour y surfer. Les vagues peuvent atteindre facilement 4 mètres à cette période et avec des tubes où l’on pourrait y faire rentrer un bus.

Outside Reef est très certainement une des meilleures vagues d’Amérique Centrale mais attention c’est aussi une vague très dangereuse, uniquement réservée aux surfeurs très aguerris. On se couche tôt après un bon repas le soir au El Malinche Surf Retreat, c’est le nom de ma maison d’hôtes. Le Malinche est un arbre magnifique qu’on appelle en français le flamboyant. On le trouve un peut partout dans le monde là où il fait chaud.

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  • Peux-tu nous parler du surf au Nicaragua ? Les spots ? Les surfeurs ? L’ambiance ?

Il y a bien entendu énormément d’endroits où l’on peut surfer au Nicaragua : sur toute la côte Pacifique, du Nord au Sud du pays mais le seul endroit où l’on à ces conditions Offshore c’est au Sud du pays. Le lac Nicaragua se trouve juste derrière et génère des vents thermiques qui font que les conditions de surf et de vagues sont exceptionnelles.

Sur cette côte d’environ 50km il y a énormément de Beach break et Reef break, tous différents et tous sont de très très bonne qualité. Popoyo reef est probablement celui qui attire le plus de monde car facilement accessible et très consistante. C’est une droite et une gauche qui offrent de très belles vagues creuses qui peuvent éventuellement tuber mais ce n’est pas la seule.  Il y a d’autres reefs au Nord et au Sud la gauche de El Astillero que l’on appelle Lance Left et aussi une très belle et longue vague dès qu’il y a un bon swell. Une autre gauche sur un récif, particulièrement creuse et rapide, c’est le spot de Rosada à côté de la plage de Jiquiliste dans le petit village de Limon 2. Pour les amateurs, il y a aussi d’autres spots plus au Nord accessibles par bateau. Le récif de Santa Cruz offre aussi une très belle gauche et de temps en temps une droite assez tendue et creuse. Plus au Sud de Popoyo il y a aussi le beach break de Ranch Santana et le non moins fameux beach break de Colorado à coté du complexe hôtelier d’Iguana, environ 30 minutes par la route. Il y a quelques très bons surfeurs locaux donc bien évidemment respect dans l’eau même si il vous vole une bonne vague de temps à autre. Respectez les autres dans l’eau et vous serez respecté, pas d’autres consignes. Si vous êtes débutant ou pas encore très aguerri il y a aussi des plages pour surfer sans se faire peur ni gêner personne. La baie de Playa Sardinas offre des vagues parfaites pour apprendre ou parfaire son surf.

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  • Le mot de la fin ?

Le Nicaragua est entrain d’acquérir de plus en plus de notoriété grâce à une politique très dynamique dans le secteur du tourisme. Le surf est déjà considéré comme un sport à part entière et les responsables du pays sont très motivés pour faire de ce pays une des meilleures destinations pour nos amis surfeurs du monde entier. Un nouvel aéroport vient juste d’ouvrir à presque 15 km à côté de Popoyo. Il propose déjà des vols depuis San José au Costa Rica et aussi depuis Miami en Floride.

Ce pays possède aussi de magnifiques îles tropicales, des volcans majestueux, de très belles chutes d’eau, des piscines d’eau douce et translucide et des forêts tropicales. C’est aussi un pays où le café / Rhum et bières sont exceptionnels. Tous les fruits et légumes sont bio car ici pas de Monsento.

Donc venez au Nicaragua, passez à Granada et Catarina puis descendez au Sud pour voir des plages encore désertes et surfer des vagues fantastiques. La population est chaleureuse et en général avenante. Ils sont fiers et surtout heureux; ça fait plaisir à voir car c’est un pays encore pauvre mais qui se bat tous les jours pour améliorer son quotidien. Destination plaisir / sport et découverte garantie que vous soyez surfeur ou juste un voyageur curieux de découvrir un très beau pays.

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Un grand merci à Franck pour cette interview!

Pour plus d’infos, vous pouvez visiter le site internet la page FB de El Malinche surf Retreat Popoyo

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